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26 août 2010 4 26 /08 /août /2010 21:10

Bertrand Blier is not back. He is just still alive. Dans sa dynastie, le jouvenceau Bruit des glaçons n'aura droit qu'à une petite aile du château. Le réalisateur manque de motivation. « Pour moi, il n'y a plus de cinéma. Je vois des films, pour ça oui, mais du cinéma, pas beaucoup... Quand j'ai tourné Les Valseuses (1972), j'avais, la même année, pour me donner des coups de pied au cul, Orange mécaniqueLe Dernier Tango à Paris et La Grande Bouffe. Plus Fellini. Et Bergman. Et Pialat et Truffaut », confesse-t-il dans Télérama. En 2010, on voit mal comment Toys story 3, Twilight 3 et The Karaté kid, pourraient lui chatouiller les miches.

Dujardin_Dupontel.jpg

Le duo D&D -Dujardin et Dupontel- nous proposent un remake 2010 du duo D&D de Depardieu et Dewaere des années 70. Les deux acteurs s'en défendent, malgré leur air de famille : le cuir épaissi pour Dujardin et les cheveux bouclés ébouriffés pour Dupontel. En oubliant que Bébère le barbu a tiré les ficelles. Le langage Blier a survécu, et l'esprit bourru du septuagénaire rafraîchit encore le cinéma mondial. Mais malheureusement les petites tirades faciles « je veux bien des emmerdes, mais pas toutes les emmerdes », ont remplacé les dialogues rythmés du bon vieux temps. Dans ce huis clos, les mots manquent. Il pâtit de trous d'airs et d'ennui. Quand Blier manquait d'inspiration, sa plume sèche trouvait toujours une pirouette insolente pour entamer un virage à 180 degrés dans le scénario. Mais ici, les rebondissements manquent tellement d'élan qu'ils ne décollent pas du sol. Le traitement comique des tumeurs ravira probablement les cancéreux. Ou les amateurs des Anges gardiens (1995), la comédie avec Clavier et Depardieu, tournée dans la lignée des Visiteurs (1993), qui s'appuyait de la même manière sur des doubles espiègles et encombrants.

Film français sorti le 25 août 2010

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20 août 2010 5 20 /08 /août /2010 00:05

La presse et le milieu présentaient l'actrice Anaïs Demoustier (La Belle Personne, Christophe Honoré, 2008) comme l'étoile montante du cinéma français. Pio Marmaï (Le premier jour du reste de ta vie, Rémi Bezançon, 2009) devait quant à lui prendre la relève de Romain Duris. La réalisatrice Isabelle Czajka confirmait son talent avec ce deuxième long-métrage, au rythme soutenu, et un regard frais sur les embûches professionnelles de la jeunesse. Mais la bande-annonce a raconté tout le film avec ses gros sabots infectes. Du début à la fin. Elle a anéanti tout suspens.

D-amour-et-d-eau-fraiche.jpg

Vous n'avez-pas vu la bande-annonce ? Alors fuyez les critiques de Telerama et des Inrock, car elles aussi ne se privent pas de jeter toute l'histoire en pâture. Allez plutôt vous aventurer du côté du Monde, qui considère D'amour et d'eau fraîche comme un « téléfilm de qualité », mais qui se garde de raconter le dénouement. Ou du Point, qui y voit un « film fiévreux et constamment inspiré ».

Film français sorti le 18 août 2010

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17 août 2010 2 17 /08 /août /2010 16:51

« Un poison violent, c'est ça l'amour. Un truc à n'pas dépasser la dose », chantait Gainsbourg. A 14 ans, Laura, découvre l'amour sous différentes coutures. D'un côté, ses premiers émois avec un petit brun. De l'autre, la peine de Lio sa mère larguée, et la frustration de Michel Galabru, son grand-père jovial. Malgré un titre sulfureux et les bases du scénario : une mère catholique pratiquante, un curé omniprésent, une cérémonie de confirmation à l'approche; il ne s'agit pas d'une histoire de sexualité entravée par la religion.

Clara-Augarde.jpg

L'héroïne Laura est libre de ses mouvements dans la campagne du Finistère. Mais Laura est rousse, comme Carrie dans le Bal du diable (1976). Dans l'église, on remarque sa crinière au milieu des brebis égarés. La négociation avec Dieu se joue plutôt dans les symboles, les coulisses, et les personnages secondaires. Pour le reste, la réalisatrice Katell Quillévéré s'intéresse surtout aux soucis d'une adolescente qui se cherche, finement interprétée par Clara Augarde. Un poison violent s'achève par la chanson Creep, écrite par Radiohead. Reprise par la chorale Scala, cela lui donne une dimension religieuse, ainsi représentative de l'oeuvre. « Je veux un corps parfait, Je veux une âme parfaite, Je veux que tu remarques quand je ne suis pas là, Tu es tellement spéciale, je voudrais être spécial ».

Film français sorti le 3 août 2010

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17 août 2010 2 17 /08 /août /2010 16:48

Encore une petite bouffée de cigarette. Dans la poussière du Texas, seule coule la voie aiguë et tremblotante de Casey Afleck, que la caméra ne quitte pas d'une semelle. Il incarne Lou, adjoint du sherif d'une petite bourgade, derrière qui se cache un enfant de Lucifer, non reconnu.

Afleck.jpg

Après avoir filmé explicitement la sexualité dans Nine Songs (2004), Michael Winterbott s'attarde sur la violence d'un American Psycho des années 50, dans l'ambiance calme et conservatrice du sud de l'Amérique. En guest de luxe, apparaissent Jessica Alba et Bill Pullman, introuvable depuis Surveillance (2008), de la fille Lynch.

Film américain sorti le 10 août 2010

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6 août 2010 5 06 /08 /août /2010 17:22

« De l'action, de l'humour, du suspens, des effets spéciaux, de l'amour». Et deux stars, Tom Cruise et Cameron Diaz, qui n'ont plus 20 ans, mais gardent toutes leurs dents blanches. Des munitions toujours capables d'exploser les tirroirs caisse du box office. Dans un système donnant-donnant, le film sert de plan com' à Tommy, bon acteur, mais brute illuminée des talk-shows, et truand de la Scientologie. « La CIA vous inventera des histoires. Ils vous diront que je suis fou. Ne les croyez pas », dit l'agent secret, devenu électron libre, à la poule aux cheveux d'or. Un script taillé sur mesure. Et une opération gagnante pour l'acteur, qui revient en grâce à la Paramount avec deux projets : Les Grossman et Mission Impossible 4, quatre ans après son renvoi.

Cameron_Cruise.jpg

Tommy a beau déraillé dans la réalité, sa filmographie en impose. Bien que l'oeuvre d'art ait été écornée par l'échec du Walkyrie (2009) en carton pâte. Renouant avec la légèreté, cet apéricube Night and Day s'intégre parfaitement dans le rubicube. Pour le réalisateur James Mangold , le meilleur de Tommy se trouve dans ses personnages détachés, à l'instar de l'avocat dilettante des Hommes d'honneur (1992), qui joue au baseball le matin et plaide le soir. Ou encore le rôle du conducteur de Ferrari, indifférent à l'autisme de son frère Rain Man (1989). Jour et nuit constitue donc un choix stratégique, aussi bien pour ses relations publiques que pour sa carrière professionnelle. Dans les interviews, Cameron Diaz toute souriante, ne dit que du bien de son partenaire, et surligne leur complicité. Des coups d'éponge supplémentaires sur la statue de Tommy : un homme soutenu par Mary à tout prix, ne peut pas être si mauvais... Huit ans après Vanilla Sky, les retrouvailles des deux déjantés fonctionne, surtout dans quelques drôles saynètes bien huilées. Comme si le John Mc Clain des Die Hard, habitué de la dérision en solitaire dans les bouches d'aération, avait trouvé une blonde enjouée avec qui palabrer. Un film réussi, une réhabilitation. Nous vivons bien dans le meilleur des mondes.

 

Film américain sorti le 28 juillet 2010

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17 juillet 2010 6 17 /07 /juillet /2010 18:32

Dans les « films de kidnaping », le niveau d'humanité vole bas, côté scène. Les mauvais bougres enlèvent et ligotent lâchement une victime. Cette dernière est réduite à l'état d'esclave, dans la pénombre d'un sous-sol. A ce décor, les ravisseurs de Rapt (2008, Lucas Belvaux), rajoutent même une tante de camping en guise de niche. En revanche, Alice Creed (Gemma Arteton), s'en tire plutôt bien niveau standing : un lit milieu de gamme Ikea, un jogging Adidas bleu tout propre, dans la même collection que l'ensemble jaune d'Uma Thurman de Kill Bill (2003), et un maquillage toujours au poil. Pour le reste, des progrès dans le traitement des prisonniers restent à faire.

Alice Creed2Avec quelques livres sterling en poche, le huis-clos de J Blackson (scénariste de The Descent 2, 2009, réalisé par Jon Harris) se base uniquement sur la relation entre les deux ravisseurs et leur proie : pas de flics, ni de père héroïque, et même pas un livreur de pizza. Une simplicité rafraîchissante, qui est renforcée par l'absence de second degré, souvent accolé à ces personnages de jeunes perdants anglais (Trainspotting, Arnaques crimes & Botanique, Snatch, Full Monty...). Mais une légère pointe d'humour vogue tout de même sur la frontière entre le jaune et le noir. La chanson pop de Cathy Davey clos par une touche d'artifice, ce film épuré qui ne s'appuyait jusqu'alors que sur ses protagonistes.


Film anglais sorti le 1er juillet 2010

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27 juin 2010 7 27 /06 /juin /2010 01:43

Comme toutes les légendes réelles, les Doors et leur Jim Morrisson, ont connu la grandeur, la décadence, et le retour glorieux, retracés dans le documentaire When you're strange, de Tom DiCillo. Le succès avec leur premier album eponyme (1966), confirmé par le suivant (Strange Days, 1967), puis la dégringolade avec les voyages narcotiques du chanteur. Ils aboutissent à des disques baclés ou composés de faces B, portés par quelques pépites. Enfin, le retour au firmament avec le dernier album L.A. Woman (1971). Cette renaissance artistique, le temps d'une oeuvre, montre les capacités intrinsèques de l'icône Morrisson. Affaibli physiquement et mentalement, il parvient à replacer la musique en priorité numéro un. Elle est la préoccupation principale du pianiste Ray Manzarek, qui demande dès le début au public de « laisser une chance à la musique », plutôt que d'attendre un message politique. Ce dernier continue à jouer de son orgue, pendant qu'un vigile balance Morrisson dans une foule vengeresse à Miami, et que le concert va à volo. Le public réclame la peau du chanteur, qui les a traité de veaux pendant une heure, et voulu éxhiber son sexe cyclopéen en guise de cerise. Mais alors que les autres membres ont laissé tomber leur instrument pour secourir l'ange déchu, Manzarek continue à appuyer avec minutie sur ses touches de piano, aussi assidu que les violonistes du Titanic, le dos voûté dans son costume, et la figure possédée. Avant que le concert ne soit définitivement suspendu.

Morisson.jpg

« Si les portes de la perception étaient nettoyées, chaque chose apparaîtrait à l'homme telle qu'elle est, infinie », écrit le poète William Blake en 1793. Une phrase qui marque Jim Morrisson, nous dit le documentaire, et l'amènera à choisir le nom des « Doors ». Un échantillon de la mine d'anecdotes de ce film didactique et esthétique, qui s'adresse d'abord à ceux qui ne connaissent pas l'histoire du groupe, sa spécificité mélodique, et les paroles des chansons. When you're strange confirme après This is it (2009, Kenny Ortega), les dispositions sonores des salles de cinéma, lieu idéal pour écouter de la musique, fut-elle déjà entendue mille fois. Finis les larsens et les éclaboussures de bières des concerts. A noter qu'en s'attaquant aux Doors, le narrateur Johnny Depp se positionne comme un porte-voix des grands artistes américains de la vague hippy des années 60, après ses oeuvres sur l'écrivain Hunter S. Thompson : son rôle dans Las Vegas parano (1998, Terry Gilliam), sa voix dans le documentaire biographique Gonzo (2007, Alex Gibney), et bientôt le film Rum Diary (2010, Bruce Robinson). On retrouve aussi cette passion pour les intellectuels bohèmes dans le mystique Dead Man (1995, Jim Jarmusch), où son personnage reprend justement le nom de William Blake.


Documentaire américain sorti le 9 juin 2010

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23 juin 2010 3 23 /06 /juin /2010 19:34

Seule la folie japonaise pouvait mettre en scène une poupée gonflable qui se transforme en femme. Une fable adaptée d'un manga, composée d'innombrables saynètes, parfois contemplatives, à travers la découverte de la ville, parfois ironiques dans les relations entre Nozomi et ses hommes. Sur un ton tragi-comique, le réalisateur Hirokazu Koreeda alterne ainsi entre poésie, plainte de la condition humaine, et message féministe.

air_doll.jpg

L'air, l'eau, et la lumière constituent des éléments esthétiques inébranlables. Malgré l'accès à ces sources naturelles, Nozomi découvre que son coeur naissant, apporte dans un même flot de contradictions, bonheur et souffrance. Un organe qui a déjà fait sombrer les mâles urbains pathétiquement isolés qu'elle rencontre, qui n'auront de cesse de la déshumaniser à nouveau. En dépits de quelques longueurs, Air Doll tient ses promesses d'Ovni cinématographique.

 

Film japonais sorti le 16 juin 2010

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14 juin 2010 1 14 /06 /juin /2010 20:08

« Les regards ne mentent pas », constate avec une pointe de regret Esposito, qui ne peut pas cacher son amour à sa belle. Quid de l'oeil de la caméra ? Le film argentin débute par des effets de style. Des souvenirs de visages et de regards floutés par l'incertitude durant deux minutes. Des allers retours entre le présent et le passé durant un quart d'heure, sous forme de flashs-back. Le réalisateur malmène son spectateur avant de l'installer dans un fauteuil confortable. Une fois sur les rails, le film n'en sortira plus. Pourtant habitué des séries télévisées avec Docteur House ou New York unité spéciale, Juan José Campanella livre alors une mise en scène d'un classicisme absolu : jeu réaliste, intrigue linéaire, couleurs sombres, cadre de l'image impeccable. Un style qui le rapproche du Prophète (2009, Jacques Audiard), à qui il a ravi l'Oscar du meilleur film étranger.

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Dans la même veine que Profession Reporter (1975) de l'Italien Michelangelo Antonioni, Dans ses yeux fait partie de ses films qui prennent le temps de raconter une histoire, parce que le réalisateur croit en son projet et en ses propres compétences. Alors que des millions d'images défilent chaque jours, les films modernes cherchent à capter l'attention du spectateur par tous les moyens. Tout comme dans les articles de presse, les journalistes privilégient les phrases courtes et les accroches, pour être lus jusqu'au bout. Ici, le réalisateur maîtrise ses images, mais ne rend pas service au spectateur avec une mise en scène tape-à-l'oeil. Il ne cherche pas à éviter l'ennui avec des aromates industriels, mais à divertir avec des produits de la terre : personnages forts, intrigue policière, humour fin, réflexion poétique sur l'amour et sur la justice. Même la musique discrète, ne sert qu'à accompagner la sauce, alors que, depuis les Dents de la mer (1975), les bandes-son pimentées apportent énormément de relief aux plats hollywoodiens. Ce qui n'empêche pas Juan José Campanella de manier la caméra d'une main de maitre, en filmant par exemple un match de foot depuis le ciel. Et d'augmenter le son de quelques décibels pour la virtuosité de la scène. Par ailleurs, les personnages ont été vieillis de 25 ans pour certaines séquences, le film se déroulant à deux époques différentes. Pour un résultat de maquillage parfait : des cheveux grisonnants et des rides 100% réalistes. Un grand pied de nez aux images numériques de Benjamin Button (2008). Dans ses yeux est indispensable à l'écosystème du cinéma.


Film argentin sorti le 5 mai 2010

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1 juin 2010 2 01 /06 /juin /2010 00:31

Du cul et encore du cul. Il faut remonter au Dernier tango à Paris (1972), pour voir de la copulation aussi crue au cinéma. Comme dans le film de Bernardo Bertolucci, on assiste à une avalanche de déchirements. Mais sans Marlon Brando. Auteur du livre, Michaël Cohen incarne Jean, barbu de 38 ans avec une belle chemise grise. Ni trop cintrée, ni trop relâchée. La fameuse french touch.

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Sa dégaine lui permet de ratisser Gabrielle qui traîne une tronche ravagée par la chirurgie esthétique. Derrière ces lèvres en plastique, difficile de ne pas voir Emmanuelle Béart, davantage que son personnage. Peu importe, le film ne prend pas le parti du réalisme. Sortis de l'opéra, les tourtereaux se chahutent sur l'intérêt de la pièce. « Non mais à quoi ça rime de se jeter dans une rivière par amour ? Autant aller se bourrer la gueule » dit le poilu. «Ce n'est pas une histoire réelle. C'est ce qui donne de la magie. Juste un petit peu réel », répond la cyborg. Tout cela a suffi aux deux couples restés imbriqués sur leur siège jusqu'à la fermeture de la salle de cinéma.

 

Film français sorti le 26 mai 2010

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