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14 juin 2010 1 14 /06 /juin /2010 20:08

« Les regards ne mentent pas », constate avec une pointe de regret Esposito, qui ne peut pas cacher son amour à sa belle. Quid de l'oeil de la caméra ? Le film argentin débute par des effets de style. Des souvenirs de visages et de regards floutés par l'incertitude durant deux minutes. Des allers retours entre le présent et le passé durant un quart d'heure, sous forme de flashs-back. Le réalisateur malmène son spectateur avant de l'installer dans un fauteuil confortable. Une fois sur les rails, le film n'en sortira plus. Pourtant habitué des séries télévisées avec Docteur House ou New York unité spéciale, Juan José Campanella livre alors une mise en scène d'un classicisme absolu : jeu réaliste, intrigue linéaire, couleurs sombres, cadre de l'image impeccable. Un style qui le rapproche du Prophète (2009, Jacques Audiard), à qui il a ravi l'Oscar du meilleur film étranger.

dans-ses-yeux.jpg

Dans la même veine que Profession Reporter (1975) de l'Italien Michelangelo Antonioni, Dans ses yeux fait partie de ses films qui prennent le temps de raconter une histoire, parce que le réalisateur croit en son projet et en ses propres compétences. Alors que des millions d'images défilent chaque jours, les films modernes cherchent à capter l'attention du spectateur par tous les moyens. Tout comme dans les articles de presse, les journalistes privilégient les phrases courtes et les accroches, pour être lus jusqu'au bout. Ici, le réalisateur maîtrise ses images, mais ne rend pas service au spectateur avec une mise en scène tape-à-l'oeil. Il ne cherche pas à éviter l'ennui avec des aromates industriels, mais à divertir avec des produits de la terre : personnages forts, intrigue policière, humour fin, réflexion poétique sur l'amour et sur la justice. Même la musique discrète, ne sert qu'à accompagner la sauce, alors que, depuis les Dents de la mer (1975), les bandes-son pimentées apportent énormément de relief aux plats hollywoodiens. Ce qui n'empêche pas Juan José Campanella de manier la caméra d'une main de maitre, en filmant par exemple un match de foot depuis le ciel. Et d'augmenter le son de quelques décibels pour la virtuosité de la scène. Par ailleurs, les personnages ont été vieillis de 25 ans pour certaines séquences, le film se déroulant à deux époques différentes. Pour un résultat de maquillage parfait : des cheveux grisonnants et des rides 100% réalistes. Un grand pied de nez aux images numériques de Benjamin Button (2008). Dans ses yeux est indispensable à l'écosystème du cinéma.


Film argentin sorti le 5 mai 2010

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