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30 mai 2010 7 30 /05 /mai /2010 12:50

Les secrets commence comme un mauvais film d'auteur. La césarisée Hafsia Herzi, qui joue une recluse nommée Aicha, en rajoute trois tonnes dans la maladresse. La réalisatrice Raja Amari rajoute deux autres quintaux dans les longueurs. On n'en finit plus de voir ces trois femmes vivant dans la clandestinité d'une maison abandonnée. Si elles veulent les garder leurs secrets, qu'elles les gardent.

Les-Secrets.jpg

Le film se limite à une lourde contemplation d'un monde moderne inaccessible, pour Aicha. Sa féminité de lionne affamée est condamnée à rester dans sa cage. Même si elle parvient à glisser quelques coups de pattes à travers les barreaux. Et finalement, tout ce qui s'apparentait à du déchet prend forme, et prend sens. Ni vue, ni connue, Raja Amari nous a raconté une histoire. A contre-temps. Quand le rythme s'accélère, les personnages se sont déjà révélés sans qu'on ne s'en soit aperçu. Et les lettres de noblesses retombent naturellement dans les bras de ce film d'auteur, qui parle en face à face à son spectateur et non au public.


Film tunisien sorti le 19 mai 2010

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18 mai 2010 2 18 /05 /mai /2010 21:42

« Je voulais un personnage ni peureux, ni courageux, et plutôt porté sur le cul. Ce qu'on appelle un mec cool », dixit l'arche de Noé. Alors quoi Gaspar, c'est tout ce que vous avez dans le ventre ? Avec le reste de la meute, nous avons suivi la lumière, vêtus de nos plus beaux blousons noirs et de notre barbe rousse. Pendant la bande annonce de Sex in the  city 2 (2010, Michael Patrick King), nous avons aiguisé nos couteaux de chasse dans les salles obscures. Nous étions venus voir de la triple pénétration anale en gang bang, des brisements de colonnes vertébrales sans anesthésie, des coloscopies à la broche. Et vous nous servez une romance à Tokyo. Un remake psychédélique de Lost in Translation (2002, Sofia Coppola).

Enter-the-void.jpg

Nous nous étions quittés aimablement au Rectum, une boite gay cuir et hardcore des tréfonds parisiens, et nous nous retrouvons dépités, dans un love hotel fluorescent fourmillant de petits pénis. Nous sommes passés de la pédophilie incestueuse de boucher, et du viol sur majeur, au léchage de téton du nouveau-né sur sa mère. La moralisation du monde vous gangrenne Gaspar. Vous vieillissez, comme Raimi, Dupontel et les autres. Vous vous paluchez sur des films interdits au moins de 16 ans. Et nous sommes obligés de vandaliser du snuff movie sur le marché noir de l'oncle Fritzl. Franchement, vos animations numériques, vous les téléchargez sur Pirate bay dans la rubrique « fonds d'écran pour windows média player ? ».

Paz-de-la-Huerta.jpg

Dans la meute, le directeur adjoint, la caution des bourses molles, conteste mon analyse. Le hollandiste s'est tapé une montée hallucinogène sur vos effets spéciaux 16/9e. Il a déployé ses ailes de chauve-souris pour suivre l'âme morte du junky. Perdu les eaux dans les scènes violentes. Ressenti l'influence de Strange days (1995, Kathryn Bigelow) qui vous a décidé à utiliser une caméra subjective. Et qui rend la sœur lascive (Paz de la Huerta), toujours à moitié à poil, si proche de Juliette Lewis. « Vous aussi vous avez droit à votre planète Pandora écrite sur quinze ans», crie-t-il avec sa voix à peine muée, en sautillant sur son trampoline. Mais bon, nous ne sommes pas non plus chez David Lynch merde. Les mouvements de caméra façon prépa-Sciences Po, ça va cinq minutes. Et nous n'étions pas venus non plus à une projection de Friends. Pourtant tous les spectateurs se sont marrés, une fois le générique de fin arrivé. De la même manière qu'ils rient après avoir croisé un fou.

 

Film français sorti le 5 mai 2010

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15 mai 2010 6 15 /05 /mai /2010 21:45

Remis d'une dépression, Greenberg (Ben Stiller) a décidé de ne rien faire. De squatter la villa vide de son frère à Hollywood, assis sur les quarante années ratées qui viennent de s'écouler. En écoutant ses vieux tubes des années 70 dans un monde beige/jaunâtre. Pas malheureux sur ce coup, une femme de 27 ans (Greta Gerwig), toute droite sortie d'un disque de Joan Baez, pointe le bout de son nez.

Stiller_Greenberg.jpg

Romance rugueuse s'appuyant sur des personnages fouillés, Greenberg a repris à sa sauce les ingrédients de Garden State (2004). Une sortie d'hôpital psychiatrique. Le retour dans l'ancienne ville. Un troisième rôle incarné par l'ami d'enfance retrouvé. La femme salvatrice. Le dilettantisme. Les vieilles guitares. Et a ajouté un berger allemand. La chaude lumière de Los Angeles fait le reste. Celle des premières heures de Tarantino, des Coen, des Terminators (1984, 1991, 2003). Si l'industrie cinématographique américaine s'était lancée à Seattle, Toulouse fabriquerait des block busters portés par Gérard Lanvin. Mais ces geeks de la pellicule ont trouvé le filon de la luminosité. Il n'y avait qu'un Michael Mann déboussolé pour filmer la ville des anges la nuit (Heat, 1995; Collateral, 2004). D'ailleurs est-ce qu'il pleut à L.A. ? La dernière averse dont les autochtones se souviennent remonte à la pluie de crapauds de Magnolia en 1994...


Film américain sorti le 28 avril 2010

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25 avril 2010 7 25 /04 /avril /2010 22:16

Le film New York I love you ne contient pas la chanson « New York I love you » (LCD soundsystem) et n'est pas un film. Mais un ensemble de courts-métrages, dont l'optimisme rappelle Love Actually (2002). Après Paris Je t'aime (2005), ce second volet au titre révolutionnaire, de la série des « Villes de l'amour », est axé sur la rencontre. Ce qui permet à tous les apprentis dragueurs de prendre des notes dans leur carnet.

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Les organisateurs de blind dates, speed dating, et de quiet parties, devraient projeter des comédies romantiques avant de lâcher les fauves dans l'arène. Rien de mieux pour agiter les hormones, donner de l'espoir, et la soif d'aventures. Une véritable propagande pour aller parler à son voisin ou à sa voisine. Pour cesser les prestations hebdomadaires d'escort-girls et de gigolos. Pour caresser et non plus se caresser. Dans cette télé-réalité, le spectateur adopte le point de vue des personnages. Regardant la ville à travers les vitres des taxis jaunes, des métros, et des restaurants. Tandis que les réalisateurs (dont Yvan Attal et Natalie Portman) s'essaient à un exercice de style. Au risque d'être recalé par la production, comme Scarlett Johansson, qui nous avait mijoté un petit ragout avec Kevin Bacon : "These vagabond shoes". La seule séquence présentant un personnage esseulé, sans cible à courtiser, a été écartée.

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19 avril 2010 1 19 /04 /avril /2010 12:07

Dans son souci pour l'export, Luc Besson vendrait un film avec un ptérodactyle à sa propre mère. Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé par Angel-A (2005) ! Mais Paris libéré et peint à la feuille d'or par Adèle Blanc-Sec. Le pitch : Luc a décidé de se marrer et de coucher avec Louise Bourgoin. Un élan plutôt communicatif. Il a beau jouer son blasé sur les plateaux télés, rien de mieux qu'une bonne paire de melons de blonde pour vous redynamiser un ours. Car Luc Besson clame à longueur de scènes son amour pour le cinéma. C'est avec une joie non dissimulée qu'il filme un gros rapace préhistorique voler à côté des pigeons, comme si de rien n'était. Son cinéma est fait de simplicité, il mise sur l'universalité, avec des personnages clairement identifiés, dont il force les traits physiques ingrats. 

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Il multiplie également les clins d'oeil à ses anciens films : on retrouve dans Louise Bourgoin l'intonation lassive d'Anne Parillaud (Nikita, 1990), ses gants, son rouge à joue, sa manière de transporter une oeuvre d'art de 50 kilos. Dans Mathieu Amalric, le flic suintant et pervers, joué par Gary Oldman du côté de chez Léon (1993). Dans le début en Egypte avec le fidèle Aziz, le Cinquième Element (1997). Le tout rythmé par son sherpa compositeur Éric Serra. Toutefois, sa plus grande prouesse reste d'avoir recruter Philippe Nahon, l'habitué du rôle du boucher pédophile, pour jouer un joufflu physicien aux allures de père-noël. De quoi oublier l'intrigue faiblarde de la soeur jumelle agonisante.

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17 avril 2010 6 17 /04 /avril /2010 15:05

Cher Yacine Badday,


Nous en parlions avec Camus, la dernière fois. En 1956, alors qu'il revenait d'Alger, et que je me remettais d'un angine rouge mal soignée. Selon lui, seule l'écriture longue et patiente pouvait remettre un peu de raison dans le feu du conflit, alimenté par les petites phrases. Te souviens-tu ? Peiné par les affrontements, nous décidions de l'emmener au cinéma voir La traversée de Paris. Après la projection, lorsque l'ouvreuse aux cuisses généreuses alluma les lumières, tu avais disparu en ne laissant qu'une bouteille en verre de Pepsi sur ton siège. « Yacine est probablement parti réaliser un documentaire sur ce fils de jésuite », me souffla alors Camus. Jamais je n'aurais cru le voir à l'écran 54 ans plus tard. Alors que tu avais retrouvé toute ta jeunesse. Rendant béate une salle pleine en alimentant ta présentation du film de quelques blagues aisément sorties de tes manches. Avant de leur en mettre plein la vue avec ce diable de Jean Aurenche. « Le diable se niche toujours dans les détails », disait Nixon. « Le diable et Jean Aurenche », lui répondait Jean Daniel.

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Le scénariste aimait intégrer un joueur d'accordéon lors d'un abattage de cochon, écrire 50 pages pour décrire le soulèvement d'une jupe de femme dans un parloir, et foutre des biches en arrière plan d'une discussion entre Rochefort et Noiret. Si ce cher Albert était toujours des nôtres, il aurait peut-être apprécié lui aussi, l'humilité du portrait de ce scénariste écrivain. Car vous avez transcrit, avec Alexandre Hilaire, toute la dimension d'un talent, dans son abnégation et sa fragilité, sans le statufier.

 

Documentaire diffusé le 8 mai 2010 sur Ciné Cinéma Classic, et le 14 mai à 22h25, dans le cadre de la soirée Jean Aurenche

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12 avril 2010 1 12 /04 /avril /2010 13:04

Réalisé en 1964 par Sidney Lumet, Point limite (Fail Safe) dénonce les risques des arsenaux nucléaires. En pleine guerre froide, Henry Fonda en Mister President, doit gérer une erreur de l'armée américaine, qui a envoyé une bombe atomique sur Moscou. Oups. Reclus dans un bunker, il se met en liaison téléphonique avec son homologue soviétique. Flanqué du jeune Larry Hagman (le J.R. de Dallas) en traducteur nerveux.

fonda_fail_safe.jpg

Il existe un remake datant de 2000. Un téléfilm très réussi mis en scène par Stephen Frears, avec Richard Dreyfus dans le rôle du président, accompagné de Georges Clooney (Urgences), et Noah Wyle (Urgences). Ces deux versions concilient avec brio géopolitique et fiction cinématographique. Un genre plutôt rare. Des films comme Nixon (1995) d'Oliver Stone ou 13 jours (2001) de Roger Donaldson se basant sur des faits réels, ils n'entrent pas dans cette catégorie. Ils atteignent d'ailleurs le niveau "demi-molle" sur l'échelle de l'excitation. Avec sa menace d'apocalypse, le risque nucléaire présente pourtant un potentiel scénaristique. Beaucoup moins exploité que le terrorisme, alors que des sous-marins capables de détruire 10 fois la planète circulent toujours parmi les bans de poissons, pendant que nous dormons tranquillement sur nos deux oreilles. Heureusement James Cameron a réalisé deux Terminator (1984, 1991), dont les paroles sages d'Arnold Schwarzenegger sur l'humanité, servent encore de leçons à tous : « C'est dans votre nature de vous détruire vous-même ». Notamment au bien-aimé Barack Obama, qui vient de s'engager avec la Russie à réduire de 30% le nombre d'ogives nucléaires, jeudi 8 avril. « Je ne suis pas naïf, l'objectif d'un monde sans armes atomiques, ne sera pas atteint rapidement, peut-être pas durant mon existence », a-t-il déclaré. Le temps d'écrire quelques scénarios.

 

Film américain sorti en 1964 au cinéma et en 2006 en DVD

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10 avril 2010 6 10 /04 /avril /2010 02:29

My own love song adoucit les moeurs avec de beaux paysages, où chacun se regarde tendrement, sur fond de bande originale rock et sensible comme le bon vieux Kansas. Le seul salaud souhaite bonne nuit à Renée Zellweger la larme à l'oeil. Certaines critiques du film ont déglingué ce débordement de bons sentiments et les clichés des décors nord-américains, à l'instar du raté My Bluberry night (2007) de Wong Kar-Waï. Les longs métrages qui portent des héros tels qu'une handicapée en chaise roulante, et un noir cinglé aux allures de clochard (Forest Whitaker), ne courent pourtant pas les rues. Comme marketing formaté, Hollywood nous avait habitué à mieux.

Zellweger_Whitaker.jpg

Certes, My own love song s'enfonce parfois dans le miel. Et comme d'habitude dans les films américains familiaux : le petit garçon est coiffé d'une touffe des années 70, pour mieux jouer l'innocent. Mais Olivier Dahan assume son angle naïf : la musique guérit les blessures de l'âme. Ici, elle est signée Bob Dylan, et interpretée par Renée Zellweger, qui gagnerait La nouvelle star les doigts dans le nez. Comme une mère qui berce son bébé pour qu'il cesse de chialer, le réalisateur français nous chante une comptine. Et divise : d'un côté les spectateurs au coeur de pierre trop vieux pour ces conneries, de l'autre les coeurs jeunes (ou les couilles molles ?), qui ont besoin d'une dernière chanson avant de se coucher.


ps : très gros placement de produit pour M&Ms. Dahan a beau être porté sur la poésie, il n'oublie pas le business.

 

Film américain sorti le 7 avril 2010 en France

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27 mars 2010 6 27 /03 /mars /2010 14:06

« Je m'amuse à admettre cinq choses impossibles avant de prendre mon petit déjeuner », déclare Alice (Mia Wasikowska), mi-junkie, mi-chevalier Zelda. Impossible de surprendre pour Tim Burton, car le spectateur s'attend à ce qu'il surprenne. Surtout avec un remake des aventures de la gamine en robe bleu commandé par Disney. Car comble de l'iconoclasme, Alice va comme un gant à ce professionnel des doubles lectures : enfants/ adultes. D'un côté la magie des animaux qui parlent, et les princesses. De l'autre la potion, les gâteaux, et la chicha pour le champs lexical des drogues hallucinogènes. Un univers toxico qu'a déjà côtoyé l'une des stars du film, Johnny Depp, dans Las Vegas Parano (1998) où il gigotait sur White Rabbit, chanson de Jefferson Airplane, inspirée du conte de Lewis Caroll.
Wasikowska

La 3D semble baliser le chemin de ces films modernes en relief. A l'instar du monde de Pandora d'Avatar (2010), le pays des merveilles s'appuie sur des plantes multicolores, de dangereuses créatures à quatre pattes, et un espèce de dragon à la force suprême qui rappelle le rapace Toruk Maktu de James Cameron. Au point de relativiser l'imagination de ce dernier. Comme lui, Tim Burton s'attarde plus sur ses décors resplendissants que sur ses personnages, qui ont pourtant beaucoup plus de potentiel. Mais le réalisateur a toujours utilisé une large palette de couleurs : que ce soit dans Beetlejuice (1988), Edward aux mains d'argents (1990), ou Big Fish (2003). S'il faut chercher une raison béton pour voir ce film, il faut regarder du côté du casting : Crispin Glover, l'ex-George Mc Fly de Retour vers le futur (1985), is back. Dans un rôle insipide, mais he is back quand même.

 

Film américain sorti le 24 mars 2010 en France

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26 mars 2010 5 26 /03 /mars /2010 00:19

L'histoire d'une pute. Interprétée par Amanda Seyfried, la jeune Chloé est chargée par Julianne Moore de séduire son grand dadet de mari Liam Neeson, pour lui raconter ensuite. Ce remake de Nathalie (avec Gérard Depardieu, Fanny Ardant, et Emmanuelle Béart - 2004) part totalement en eau de boudin en rajoutant un gros brin de folie à l'original, pourtant pas un fleuron du cinéma français. Même si Julianne Moore joue très bien les belles vieilles femmes (cf Single man, 2010), ses dons d'actrice sont ici utilisés pour pointer des tétons dans des scènes de nues, et s'agripper à des armoires quand elle s'auto-fait du pied. 

Moore_Seyfried.jpg

Triste consolation, pour cette mère dont l'enfant débordant d'hormones communique avec des claquements de portes. Au final, le réalisateur Atom Egoyan accouche d'un remake d'un téléfilm de la série Hollywood night, intitulé Vengeance tous risques (1994), avec son égérie Shannon Tweed, dont le fait d'armes consistait à coucher avec le père, la mère et le fils d'une même famille, en gardant un oeil machiavélique derrière sa tignasse blonde. Dans les décombres de Chloé, la musique classique, la réflexion sur la vieillesse, et les acteurs de renom, ont moins leur place que le morceau de guitare électrique du samedi soir des années 90, l'absence de réflexion et les playmates. Un pot-pourri dans tous les sens du terme.

 

Film américain sorti le 10 mars 2010 en France

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