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21 mars 2010 7 21 /03 /mars /2010 23:49

Bad Lieutenant version Werner Herzog, apporte aux films de gangsters espiègles ce qui manque aux réalisations de Tarantino : un scénario et des personnages qui ont plus d'une seule caractéristique que celle d'être cool. Même avec le dos bloqué, Nicolas Cage fait figure de joyeux adolescent axé sur la défonce, les paris clandestins et les putes. Mais, ses talents d'enquêteur au flaire reconnu, motivent un film entièrement voué à son personnage complexe de justicier immoral. Alors que l'ami Quentin doit multiplier les rôles et les saynètes pour faire diversion.

Cage_Mendes.jpg


Chaque dialogue avec l'hurluberlu Cage pour qui "un homme sans flingue n'est plus un homme", rend obselettes les tirades sans intérêt sur Madonna ou le Big mac, tenus par des personnages interchangeables. Ajoutez à cela, une Nouvelle Orléans post-Katrina, avec sa sueur, ses aligators, et ses iguanes. Et vous obtenez un remake pimpant de la version grise d'Abel Ferrara à New York de 1992.

 

Film américain sorti le 17 mars 2010

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18 mars 2010 4 18 /03 /mars /2010 00:53

"Je ne pouvais pas faire faux bond à la production", dixit une cobaye. Quitter un plateau de télévision constitue un acte d'insoumission. Le zapping ne manque aucun de ces coups d'éclats. Se pliant à l'autorité de la présentatrice dominatrice Tania Young, 80% des participants à un jeu télévisé infligent une décharge mortelle à un candidat (ils ne savent pas, dit-on, que c'est un acteur). L'expérience de Milgram post-seconde guerre mondiale est reconduite en 2009 par Christophe Nick. L'auteur et producteur du documentaire Le jeu de la mort nous montre que, nous les humains, sommes encore pires que ce que Stanley Milgram, avec ses pauvres 62% de soumis, avait conclu.

jeu de la mort

Le sourire sadique des joueurs n'est pas flouté, et ils ont accepté de passer sur une chaine publique en prime time, un an après le tournage. Au risque d'être déshérités par leur vieille tante, méprisés par leurs gamins, et lynchés sur des passages cloutés par la plèbe. La production n'a récolté aucune plainte des participants pour traumatisme psychologique. Et la télévision d'Etat vient de remettre en cause à la fois la télévision et la soumission à l'autorité. Le temps d'une soirée, un mur de Berlin français s'est effondré. Un grand cassage de mur à la Bruce Lee.

 

ps : Avec une part de marché de 13,7%, France 2 ne s'est placée qu'en 3e position des audiences, derrière New York section criminelle sur TF1, et Louis la Brocante sur France 3.

 

Documentaire français diffusé le mercredi 17 mars sur France 2

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14 mars 2010 7 14 /03 /mars /2010 22:23

"La vie est un cadeau du ciel", s'inscrit au démarrage du film de Lee Daniels. Visiblement pas pour l'héroïne Clareece Precious Jones (Gabourey Sidibe). Très grosse adolescente noire de 16 ans dans un Harlem de 1987, elle rêve d'un mignon petit ami à la "peau claire" sur une moto rouge. Pas du genre dérangée, chez elle sa mère lui balance juste des poêles et des verres sur la gueule quand elle a le dos tourné. Virée de son collège pour grossesse, elle prend un nouveau départ dans une « école alternative », c'est à dire « à la cool », où elle s'alphabétise. Le film réussit l'exploit de raconter ce drame (euphémisme) de manière légère. Rythmé, il distille quelques rêves de jeunes filles et des blagues, ici ou là. Distinguant ainsi le réalisme de l'ennui, sur fond de soul, de gospel et de rap. Se concentrant sur cette force de la nature qui parvient à monter les escaliers chargée de bagages et d'un bébé, pour retourner au domicile hanté par le démon.

Gabourey-Sidibe.jpg

Precious porte la valeur américaine de l'effort, sans le rêve américain. Il livre un regard critique sur le système de protection sociale du pays. Les allocations limitent l'ambition. Les couper poussent à sortir des excréments. L'horizon tout tracé par les services sociaux se réduit à des boulots bas de gamme, payés la moitié du salaire de base. Et ils ne cherchent à connaitre la situation de Precious que tardivement. Comme dans la Couleur pourpre (1985), où le sort de Woopi Goldberg, adolescente cohabitant avec un Danny Glover ignoble, n'intéressait guère. Le film qui a reçu deux oscars (meilleur second rôle pour la mère Mo'nique, et meilleure adaptation pour Geoffrey Fletcher) rappelle l'oeuvre de Spielberg, qui avait été nominée dans onze catégories (sans statuettes à l'arrivée). Petit clin d'oeil, une des protagonistes se nomme « Purple ».

Film américain sorti le 3 mars 2010

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11 mars 2010 4 11 /03 /mars /2010 01:19

En humanisant les mascottes des marques (Ronald Mc Donald, Géant vert, le Bibendum Michelin), le court-métrage d'animation Logorama casse leur image. Débutant sur l'air enjoué de Dean Martin avec « Good morning life », leur ville colorée est un centre commercial à ciel ouvert. Orange avait kidnappé la couleur. Renault le prénom Mégane. Leur décor est devenu une publicité ambulante. Pire que la déforestation ou la désertification, notre espèce s'éteint avec la logotisation.


Logorama_.jpg


On peut émettre l'hypothèse que les logos disparaîtront en France pour des logiques de préservation des paysages. N'empêche, les marques ont d'ores et déjà gagné la partie. Omniprésentes dans notre quotidien, elles n'ont plus besoin de nous imposer leurs publicités. Dorénavant, une partie des consommateurs demandent eux-mêmes à en recevoir sur leur téléphone mobile. Logorama, lui, bénéficie de la franchise des Oscars (celui du meilleur court métrage d'animation), pour se répandre à travers le monde comme une trainée de poudre (et du relais des blog également). De toute façon le collectif français H5, qui a réalisé ce mini film 3D, n'a pas l'ambition de s'attaquer aux marques. Il a déjà pondu de nombreux spots publicitaires. Leur court s'achève ainsi avec la chanson « I don't want to save the world on fire » d'Eddy Arnold.


Pas encore au cinéma, la vidéo intégrale est pour le moment disponible en version originale ici.

 

ps : en bas de page de ce lien : un article sur le placement de produits au cinéma.

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5 mars 2010 5 05 /03 /mars /2010 14:27
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2 mars 2010 2 02 /03 /mars /2010 23:20

Le deuil poussif d'un lettré homosexuel à Los Angeles résume Single man de Tom Ford. Le couturier nous révèle sa conception de l'esthétisme : des protagonistes bien sapés à la plastique irréprochable, de belles bagnoles, du soleil, de sompteuses maisons. Bien sûr sa réalisation soignée (et bluffante pour un premier film) nous plonge dans une Californie rêvée de 1962. Comme Amélie Poulain rêvait de Paris. Belle blonde d'époque typée Brigitte Bardot. Belle Ford toute droit sortie du salon de l'automobile de Dallas. Un beau Ken tout lisse, à peine pubère, qui ne touche pas à sa barbie, manque de nous endormir en draguant notre héros Colin Firth.

 

Colin-Firth.jpg

 

Le professeur, au costard impeccable, peine à animer un film sans histoire avec sa répartie. Trop intelligent par rapport à ces comparses, il en met parfois plein la vue avec des réflexions banales du genre « la seule chose à craindre c'est la peur elle-même». Quand il ne met pas tout le monde à ses pieds, il plombe l'ambiance à se remémorer sa romance idéale de 18 ans avec un jeune marin. Cela manque foutrement de femmes. Julianne Moore ne nous sauve de l'ennui que le temps d'une saynète.

 

ps : ici la bande annonce qui donnait envie.

 

Film américain sorti le 24 février 2010

 


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28 février 2010 7 28 /02 /février /2010 13:27

Après Cameron, les Coen, et Coppola... Scorcese nous sort son gâteau du four. L'adaptation d'un roman de Dennis Lehane, la poule aux oeufs d'or, auteur de Mystic River (2002) et de Gone Baby gone (2007). Toujours des héros traumatisés par la mort, qui regardent avec distance un monde pluvieux, pour mieux rendre justice.


caprio_ruffalo.jpg

 

Ici, un policier, Léonardo DiCaprio, est envoyé sur l'île Shutter où un asile abrite la fine fleur des tueurs détraqués. Chargé d'enquêter sur la disparition d'une pensionnaire psychotique, il est sujet à des hallucinations qui tantôt l'engloutissent, tantôt l'inspire dans une démarche de type profiler. Son collègue Mark Ruffalo incarne un gentleman fumeur, enracinant le film dans ses années 50. Il s'investit corps et âme pour la mise en scène carrée et onirique de Martin Sorcese. Ce dernier s'est inspiré de Shining (1980) de Stanley Kubrick où on croise ces mêmes fantômes, cette musique grave, ce lieu hostile et isolé. Shutter Island est une œuvre mi parano-mi poétique, hors-norme dans la filmographie du ponte, peut-être un peu longue pour la génération zapping. Mais un thriller doit faire mijoter le spectacteur. Et les grands films méritent une director's cut directement sur grand écran.

Film américain sorti le 24 février 2010

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22 février 2010 1 22 /02 /février /2010 23:13

Un policier hétéro devient homo et escroc, et finit derrière les barreaux. Il rencontre un blondinet qui répond au nom de Phillip Morris. Grande arnaque, ce dernier n'a rien à voir avec le fabricant de cigarettes.

 

carrey_gregor.jpg


La comédie colorée produite par Luc Besson s'appuie sur la panoplie de grimaces de Jim Carrey, mi comique de spectacle, mi acteur dramatique. Mais ne fonctionnerait pas sans le regard et la gestuelle d'Ewan McGregor, qui montre une nouvelle palette de son talent. Nina Simone participe à l'une des scènes d'amour les plus efficaces, avec son entrainant To love somebody. Le film ne restera pas dans les annales mais divertit.

 

Film américain sorti le 10 février 2010

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15 février 2010 1 15 /02 /février /2010 00:12

En Afrique du Sud, au Cap, un maitre de conférence libidineux et blanc abuse de sa position pour coucher avec une étudiante métis. Il doit démissionner et se met au vert chez sa fille lesbienne Lucy. En insécurité au fond de la brousse, elle se coltine ses discours sur l'assouvissement des instincts sexuels.

 

Malkovitch_Haines.jpg


John Malkovich pourrait se prélasser au bord de la piscine d'une villa hollywoodienne en exécutant des prestations annuelles à 10 millions de dollars. Au lieu de cela, il enchaîne des films improbables et vit dans le Vaucluse. Dans Disgrace, il se terre au pays de l'Apartheid. Incarnant un queutard amoral et malsain, aux airs de Frédéric Mitterrand. Le réalisateur Steve Jacob se concentre habilement sur sa rédemption, par le biais de sa relation filiale avec Lucy, jouée très justement par Jessica Haines. Indépendante optue, elle refuse tout privilège. Steve Jacob traite ainsi par touches de peintre de la redistribution des cartes entre les blancs, ancien groupe des bourreaux, et des noirs qui reprennent doucement et amèrement leurs droits. Pour dessiner un pays impressionniste et de faux semblants, qui se construit sur des cendres, avec des briques haineuses, sous un ciel bleu azur.

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11 février 2010 4 11 /02 /février /2010 23:26


Plein de zombies arrivent à Clichy-sous-bois en raclant leur gorge. Ensuite, plein de zombies se baladent mollement dans un immeuble pour croquer des malfrats. En raclant leur gorge. Et pour finir, plein d'autres zombies entrent encore dans la tour en raclant leur gorge.


dahan_horde.jpg


Les films du genre ne se distinguent jamais par leur histoire et se résument souvent à un exercice de style, exceptée la perle rare 28 jours plus tard (2002). Pour les protagonistes non infectés,  la question reste toujours : où aller ? Dans La nuit des morts vivants (1968), ils débattent une heure pour savoir s'ils doivent se réfugier dans la cave. Ici au moins, l'affaire est pliée en cinq minutes : ils doivent sortir de l'immeuble. Talentueux critique de cinéma, Yannick Dahan veut nous en mettre plein la vue en filmant avec des yeux d'enfants. Mais filme comme un enfant. Sa caméra bouge trop, ses personnages marchent de manière ridicule, et passent leur temps à débiter des jurons d'usage : enculé, fils de pute, connard. Avec des déclinaisons : petit enculé, espèce de fils de pute, enfoiré de connard. Et des rhétoriques fatigantes : « c'est à moi que tu parles là ? ». Ils sniffent de la coke, plus tendance que le joint. Son premier long-métrage ressemble à un grand défouloire mais provoque l'effet inverse.

 

Film sorti le 10 février 2010

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