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20 octobre 2010 3 20 /10 /octobre /2010 00:10

La vie au ranch est aux parisiennes de 2010 en première année de fac, ce que Mad Men est aux publicitaires new yorkais de la fin des années 50. La reproduction bien léchée d'une époque, même si la réalisatrice Sophie Letourneur se contente de reconstituer le présent. Tout comme la série américaine, elle instaure l'omniprésence des cigarettes et de l'alcool. Le rouge, le blanc et le champagne remplaçant le whisky. Le film se veut réaliste. « Ne vous lavez pas les cheveux », a-t-elle ordonné à ses actrices de vingt ans. De base autobiographique, il compile des dialogues trop bruyants, mais reproduisant à la perfection tous les tics de langage contemporains : « c'est JUSTE n'importe quoi » ; «GENRE j'envoie mon dossier, GENRE pour être acceptée » ; « il aura jamais envie de me rappeler, c’est TERRIBLE, là je suis alone in my room, c’est TERRIBLE, QUOI ».

La-vie-au-ranch.jpg

Les actrices, étudiantes en cinéma, se connaissaient de longue de date avant de commencer le tournage. « Nous avons dû rencontrer 200 jeunes en tout, sans trouver le groupe que je cherchais. J’ai fini par réaliser que les jeunes qui ont 24 ans aujourd’hui sont différents de ce que j’étais à leur âge. Je les ai sentis beaucoup plus préoccupés par leur avenir, moins dilettantes et plus inquiets que nous ne l’étions à l’époque. J’ai donc décidé de choisir des gens plus jeunes. J’ai continué ce casting sauvage et finalement j’ai rencontré, dans une boîte parisienne (le « Paris Paris »), un groupe que j’ai tout de suite remarqué », raconte Sophie Letourneur sur le site de La vie au ranch. Leurs petits copains à l'écran, qui ne jouent qu'un rôle périphérique, partagent leur vie civile. Benjamin Siksou, médaille d'argent de la Nouvelle star 2008, ne parvient pas à attirer l'attention de la caméra. Il succède à son camarade de promo Jules, qui a brillé dans un autre film « de jeunes » : Simon Werner a disparu (2010, Fabrice Gobert). Preuve encore, que la projection de leur image sur un écran les intéresse davantage que la musique. A l'instar du Péril jeune (1994, Cédric Klapisch), la vie en groupe dans le ranch (nom de l'appartement), procure autant de joie qu'elle asphixie l'épanouissement personnel de ces étudiantes. 

Film français sorti le 13 octobre 2010

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15 octobre 2010 5 15 /10 /octobre /2010 11:07

La liste de Schindler (Steven Spielberg, 1993) a convaincu Tony Blair de déclencher une guerre contre les Serbes en 1999, écrit l'ex-Premier ministre dans son autobiographie A Journey. Avant 1939, « les pays européens n'avaient rien fait contre Hitler alors qu'il ordonnait des attentats ethniques contre les juifs. Les tueries du Kosovo se déroulaient également en Europe. Il fallait arrêter », explique-t-il au journaliste Frédéric Taddei, dans l'émission Ce soir ou jamais, le lundi 11 octobre.

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Tony Blair, Premier ministre de Grande-Bretagne de 1997 à 2007, s'est identifié à Oskar Schindler, homme d'action. Cet entrepreneur allemand employait des Juifs dans son usine d'armements pour les protéger de la Shoah. Le blog satirique anglais The Partisan, relate l'analyse de Slavoj Zizek pour décrire l'idéologie de Tony Blair, qui s'est également engagé dans la guerre en Afghanistan (2001), puis en Irak (2003). Le philosophe slovène assimile Schindler à la figure du père, qui traverse l'oeuvre de Steven Spielberg : « La Liste de Schindler est, au niveau le plus élémentaire, un remake de Jurassic Park (1993) avec les nazis à la place des dinosaures. Schindler est au départ cynique, mais l'histoire raconte la redécouverte progressive de son devoir paternel envers les Juifs, et sa transformation en un père attentionné et responsable ». Dans Jurassic Park, le personnage de Sam Neill incarne le père protecteur. 

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11 octobre 2010 1 11 /10 /octobre /2010 13:00

Ingrédients nécessaires pour regarder Kaboom : un paquet de chewing-gums goût fraise, light, avec des boules acidifiantes qui explosent dans la bouche. Du gel effet mouillé ultra fixant, avec option colorant et frisottis. Des recharges mobicartes illimitées pour smartphones en tous genres et micro/ oreillette sans fil. Un balladeur MP3 rempli de techno et de new wave. En attendant l'i-Pad, un ordinateur portable avec anti-virus haut de gamme, modèle du Pentagone ou autre grande direction militaire à vocation explosive internationale. Un vibro-masseur pour visage. Des lunettes 3D, seulement pour rester dans l'ambiance nouvelles technologies, car le film est projeté, dieu merci, en 2D.

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Autre disposition : laisser le passé là où il doit être, sur le siège arrière de la bagnole électrique. Des décors en carton d'Hélène et les garçons, nous sommes passés au béton de Beverly Hills et Dawson. A l'aube de la deuxième décennie du XXIe siècle, l'étape suivante démarre dans l'enceinte toute neuve du campus de Kaboom : verte, spacieuse, design. Mais les étudiants, qui semblent tous participer à un concours de mannequinat, ont toujours d'autres chats à fouetter que d'assister à des cours. Coucher avec des créatures célestes, retrouver des disparues, arrêter les forces du mal, tel est leur planning du premier semestre. Aux chiottes les options langues étrangères. Kaboom.

Roxanne_Mesquida.jpg

Contrairement au dramatique Mysterious skin (2005), dont il reprend la dimension surnaturelle, le nouvel opus de Gregg Araki joue à fond sur la carte de l'humour vitaminé, et de situations loufoques. Ce scénario de série Z futuriste bénéficie d'un esthétisme multicolore et de comédiens convaincants. Notamment Roxanne Mesquida, une discrète ex-future espoir du cinéma français. Kaboom. Personne n'est dupe. Le titre est directement inspiré de la chanson tout aussi déjantée, XYU, des Smashing Pumpkins, où Billy Corgan tire sur ses cordes vocales asséchées pour sortir le plus merveilleux « kabouuuuum booooom », de l'histoire de la musique. Terminons par cet extrait :

« Mary n'est pas une idiote
Mary est profondément dans la merde
Et Mary n'oublie pas
Et c'est ainsi que le jardin de Mary croît
Et c'est ainsi que Mary eu ses fantômes
Et dans les yeux du coyote je dis ka boom »

Film américain sorti le 6 octobre 2010

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8 octobre 2010 5 08 /10 /octobre /2010 13:22

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Une mère. Un enfant. Un été en forme d'automne. Une maladie. Et un court métrage poétique co-écrit par un ami, Yacine Badday, auteur de la plupart des commentaires de ce site... Diffusé lundi 11 octobre (dans la nuit de lundi à mardi) à 01h05 sur France 3, dans l'émission Libre Court. Egalement à la plume, Alexandre Hilaire l'a mis en scène, en 2007. Dans la tradition française : le non-dit, la pudeur, l'observation. Les deux compères ont également réalisé un documentaire intitulé Jean Aurenche, Ecrivain de cinéma (2010), et viennent d'achever Le cinéma de Boris Vian (2010).

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4 octobre 2010 1 04 /10 /octobre /2010 01:29

Faible cote de la guerre d'Algérie dans les manuels scolaires. Pas aussi sexy que la Révolution française, les guerres soit disant « mondiales », ou leur cousine soit disant « froide ». Le réalisateur Rachid Bouchareb nous propose une séance de rattrapage, en vidéo et en Dolby, sur le fonctionnement en France, du Front de libération nationale (FLN). Ce mouvement indépendantiste algérien prônait la lutte armée pour conquérir l'indépendance. Avec ce sujet brûlant, le réalisateur se montre tout aussi courageux qu'il est cerné. Une petite voix pousse la chansonnette dans son esprit : « Ne pas faire de vagues, ne pas transformer l'Histoire au profit d'une fiction ». Vainement. Dès mai 2010, avant même l'avant-première, des manifestations à Cannes fustigent un film « anti-français » (voir ici le débat historique). Pourtant, sous l'enrobage d'un film de genre, noir et violent, le metteur en scène endosse le costume de professeur minutieux.

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Les reconstitutions d'évènements historiques s'enchaînent, telle une chronologie d'un livre du secondaire : 1925, exclusion de propriété en Algérie; 1945, Libération à Paris; 1953, Dien Bien Phu; 1954, Massacre de Sétif,... déjà 4 dates en 20 minutes... De la même manière, les personnages s'accumulent, notamment les trois frères Roschdy Zem, Djamel Debbouze et Sami Bouajila qui surjoue un Malcom X avec un balai dans le cul. Du cours d'Histoire, se dégage du Cinéma : scènes de flingages made in Chicago, décors flamboyants à gros budget (l'architecture de Sétif, les bidonvilles de Nanterre,...), violoncelles et tambours du film d'action sombre. Une séquence reproduit dans le geste, et quasiment mot pour mot, l'assassinat par Robert De Niro, du patriarche sicilien « qui a toué mon père » dans le Parrain 2 (Francis Ford Coppola, 1974). Les dialogues servent le scénario, en présentant individuellement les personnages et leur chemin, davantage que le scénario sert les dialogues, en construisant des échanges. Mais de ce Cinéma, se dégage une analyse de la lutte algérienne armée, au delà de la question de la légitimité : ses jeux de billards à trois bandes, ses traits communs avec la Résistance française, ses financements, ses méthodes, ses réseaux. Fin de la séance, examen la semaine prochaine. Même toi, le béret vert !

Film français sorti le 22 septembre 2010

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27 septembre 2010 1 27 /09 /septembre /2010 00:42

Meg Ryan, alias Sally, mange ingénument son choux râpé à la crème dans un restaurant New-Yorkais, en face de Billy Crystal, alias Harry. L'actrice vient d'achever la simulation d'orgasme la plus célèbre du cinéma. L'origine de cette scène a été dévoilée par Nora Ephron, la scénariste de Quand Harry rencontre Sally (1989), dans le documentaire Et Hollywood créa la femme (réalisé par Clara et Julia Kuperbleg), diffusé jeudi 23 septembre sur Arte, et consacré au « chick flick», c'est à dire « film pour poulette ».

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Harry confie à son auditrice qu'il multiplie les sauteries d'un soir. Pour lui prouver que, malgré ce qu'il croit, ses partenaires ne montent pas forcément au plafond, Sally imite le plaisir féminin avec entrain. Elle appuie sa démonstration en ponctuant ses cris de tapements sur la table, tandis que les clients ont depuis longtemps quitté leur assiette des yeux pour les braquer sur la blonde en furie. Nora Ephron raconte que l'idée a émergé lors d'une conversation avec le réalisateur/ producteur Bob Reiner :

- « Je t'ai dit tout ce que je savais sur les hommes, raconte moi quelque chose que je ne connais pas sur les femmes », demande le metteur en scène à sa scénariste.

- « Elles simulent l'orgasme », répond Nora Ephron.

- « Pas à moi, Nora ». Bob Reiner n'y croit pas. Du haut des escaliers, il convoque alors solennellement toutes ses secrétaires dans son bureau, et leur demande si les femmes simulent. La tension est palpable. Mais elles acquiescent de la tête, sans se démonter.

Meg Ryan souhaitait que la scène se déroule au restaurant. Tandis que Billy Crystal a proposé qu'une vieille dame dise au serveur : « je vais prendre la même chose qu'elle ». Dans le documentaire, Nora Ephron insiste sur le sens du film : « Tout le monde a dit que c'était un film d'amour, mais c'est faux, il traite des différences hommes / femmes ». Petit rappel avec une des premières séquences :

- « Un homme ne peut pas être ami avec une femme, il voudra toujours coucher avec elle », dit Harry dans la voiture.

- « donc un homme ne peut être ami qu'avec une femme qui ne l'attire pas », résume Sally.

- « non ! il voudra quand même coucher avec elle », répond Harry en mâchouillant son cure-dent.

Le documentaire Et Hollywood créa la femme raconte comment les producteurs américains ont influencé les cerveaux féminins depuis les années 30. Avant la révolution sexuelle de 1968, les héroïnes se rebellaient ou s'asservissaient, mais quoiqu'il arrive elles se mariaient toujours à la fin. L'amour entre les deux êtres contenaient d'autant plus d'obstacles, que la censure hollywoodienne guettait, et qu'il n'était pas question qu'ils se retrouvent dans le même lit. Puis la liberté est arrivée, les doubles sens des scripts ont disparu, et l'amour cinématographique a perdu son meilleur ennemi, l'interdit.

Documentaire américain diffusé sur Arte le jeudi 23 septembre 2010

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24 septembre 2010 5 24 /09 /septembre /2010 00:58

Jules Pelissier s'est fait éjecter de la Nouvelle Star 2008 faute d'entonner correctement le couplet de Bad. Mais pour devenir célèbre, et éviter une vie de labeur, il a tenté une reconversion dans le cinéma. Simon Werner a disparu lui offre un rôle peu locace, misant tout sur son regard. Une belle gueule dans un film de gueules : d'ange, de looser, de baroudeur, de punk, de reine du lycée (Ana Girardot),... qui compilent des influences lycéennes : Elephant pour la répétition des scènes sous différents angles, Scream pour les suspicions entre déconneurs, Seconde B pour le réalisme des salles de classes, Le Péril Jeune pour sa photographie bien sentie d'une époque : 1992. Quand l'idole Bertrand Cantat rugissait encore pour Noir Désir. Quand les Bleus n'avaient pas encore remporté leur coupe du monde à domicile. Quand, dans la cour, les frimeurs portaient des bombers, plutôt que de dévisager leurs smartphones. Quand, les actifs ne cotisaient que 37 annuités.

Ana-Girardot.jpg

Quand, la musique était bonne. Celle de  Sonic Youth par exemple, qui a composé la bande originale grisâtre et électrique. Le groupe new yorkais, muse de Nirvana, cloue définitivement les pieds du film dans les années 90, qui remplacent officiellement les 80's dans la case nostalgie. C'est l'une des raisons du bon accueil de ce film par les critiques de cinéma, qui ont probablement passé leur bac durant cette période. Dans un lycée au vert, perdu dans la forêt de Bondoufle, tout le monde suspecte tout le monde, mais chacun garde ses secrets, comme une mère serre son enfant contre sa poitrine.

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Une recette de thriller usitée, mais à la chute conceptuelle, parce qu'il faut bien se distinguer des Américains. Simon Werner est un des rares films français intelligents qui s'adresse à la jeunesse, mais qui rate complètement sa cible en proposant une affiche champêtre, plutôt que de s'appuyer sur la reconstitution stylisée d'une classe de banlieue privilégiée. Son destin a également été freiné par un nombre limité de copies : 90 contre 300 pour le "chick flick" (c'est à dire "film pour poulette", notion révélée par un documentaire d'Arte ce jeudi 23 septembre) Mange prie aime, avec Julia Roberts.

Film de Fabrice Gobert sorti le 22 septembre 2010

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10 septembre 2010 5 10 /09 /septembre /2010 00:23

Nick (Jakob Cedergren), chômeur danois, la trentaine, ressemble à un boxeur. Mais il boxe des cabines téléphoniques. Un moindre mal comparé à toutes ses tuiles : une mère alcoolique décédée, son petit frère également au cimetière, et sa femme l'a jeté après avoir avorté de l'enfant qu'il désirait. Son frère héroïnomane (Peter Plaugborg), n'est pas mieux loti. Il n'a même pas de prénom, parce que le réalisateur Thomas Vinterberg « aime bien l’idée que l’on ne désigne ce personnage uniquement comme le "père de Martin" ou le "frère de Nick" ». Ne parlons pas de leurs proches, pour qui le mot « bonheur », n'est qu'une vague arnaque destinée à maintenir les autochtones à l'intérieur de leurs frontières. Submarino est le film le plus triste du monde. Même si dans le classement d'un forum, Rocky 3 (1982, Sylvester Stallone) figure en bonne position, « parce que Mickey meurt », explique l'internaute.

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Dans Requiem for a dream (2000, Daren Aronosfky), des effets de styles, et la plastique du couple Jared Leto/ Jennifer Connelly, apportaient un brin d'oxygène. Ce n'était que du cinéma. Dans Dancer in the Dark (2000, Lars Von Trier), la voix de Bjork nous réconfortait un peu pendant sa pendaison. Un Anthony Hopkins frais et bien portant, ragaillardit avec ses armes Elephant man (1980, David Lynch), un type seulement malchanceux. Mais le ciel gris du Danemark recouvre d'une chape de plomb l'enfer terrestre vécu par ces deux orphelins. Seule la fatalité de la tragédie régit leurs existences en forme de cercueil. Les scènes glauques, tournées avec un réalisme cher au Dogme, se succèdent. La moindre lueur d'espoir précède un nuage orageux d'un noir opaque. La pause de la chanson triste River side d'Agnes Obel, ne laisse pas le temps aux larmes de sécher. Dans un hôpital psychiatrique pour suicidaires sous sédatifs, les récidivistes baveux se remettraient immédiatement sur pieds en comparant leur sort à celui des frères danois. Thomas Vinterberg n'a pas la foi.

Film danois sorti le 1er septembre 2010

 

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4 septembre 2010 6 04 /09 /septembre /2010 01:09

Un grand n'importe quoi. Le film X tourné par le méchant, c'est n'importe quoi, la descente en rappel du bateau, c'est n'importe quoi, et surtout la 3D, c'est n'importe quoi. Le metteur en scène Alexandre Aja nous a énervé notre James Cameron : "Piranha rabaisse la 3D et rappelle ces mauvais films d’horreur en relief des années 70 et 80, comme Vendredi 13 3D (1982). Quand les films touchaient le fond en terme de créativité ou visaient la rentabilité jusqu’au dernier sou, ils faisaient de la 3D ". Rappelons que JC avait réalisé en catastrophe Piranha 2 : les tueurs volants (1981), avant qu'on ne s'agenouille devant sa poupée métallique à 6 millions de dollars. Mais comme d'habitude, il faut rendre à JC, ce qui appartient à JC : la 3D de Piranha fait loucher et donne la migraine. Et la santé ne s'arrange pas en enlevant les lunettes. La 3D n'a pas été intégrée à la réalisation, mais bidonnée en post-production. Soit-disant, les caméras d'Avatar (2009, JC) et d'Alice au pays des merveilles (2010, Tim Burton), ne donnaient aucun rendu sous l'eau. Alexandre Aja et ses producteurs verreux (les frères Weinstein) prennent donc le cerveau de la jeunesse occidentale pour un punching ball. Et ils charcutent avec un malin plaisir ses corps parfaits à coups de poissons préhistoriques boulimiques.

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Piranha 3D illustre la dégénérescence des étudiants durant le Spring break (la pause du printemps des campus américains). En plein automne, la salle de cinéma parisienne n'offre pas un meilleur spectacle. Des visages ridiculement recouverts de lunettes 3D sortent des rires époumonés, suivis d'applaudissements compulsifs, lors des scènes de seins ou de sang. Autant dire que Ben Laden et ses compagnons ont eu raison de nous donner une leçon, lors de la rentrée 2001. Filmant sa classe de mer, vêtu pour seules sapes d'un caleçon de bain et de lunettes de soleil, Alexandre Aja s'est remémoré le cinéma de son enfance. Ses compatriotes reçoivent cinq sur cinq ses gros clins d'oeil de Français. Car la France n'a pas oublié Richard Dreyfus dans les Dents de la mer (1975, Steven Spielberg). Ni Elisabeth Shue et Christopher Lloyd dans Retour vers le futur (1985, Robert Zemeckis). Enfin si, Elisabeth Shue, un peu. Ni la séquence où le Titanic se renverse dans le film eponyme (1997, JC). Ni Ving Rhames dans Pulp fiction (1994). Ni Jerry O'Connell, le héros de la série Sliders qui peuplait notre salon, quand nous avalions nos tous nouveaux Bun's de McCain. Si le spring break en Arizona ne servait pas de colonne vertébrale au film, il ressemblerait à un mauvaise épisode d'Alerte à Malibu, flanqué d'une french touch. L'euphorie des « big boobs » passée, le consommable Piranha 3D n'arrive pas à la cheville de Haute Tension (2002). Quand le fils d'Alexandre Arcady ne rigolait pas.

Film américain sorti le 1er septembre 2010

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30 août 2010 1 30 /08 /août /2010 23:21

Une fois oui mais pas trois. Patrick Mille, le rôle masculin de Crime d'amour, est invité lundi 30 août au soir sur le plateau d'i-Télé pour commenter la mort du réalisateur Alain Corneau, nouvelle victime du crabe. L'animateur Thierry Dugeon l'interroge sur les influences américaines du metteur en scène. Avec admiration, l'acteur évoque le départ du défunt en 1967 pour les Etats-Unis, et sa passion du jazz. La journaliste/actrice/bimbo Anne-Solenne Hatte lui demande ensuite, plein d'étoiles dans les yeux : « est-ce qu'il vous dirigeait à l'américaine ? ». « Bah je n'ai jamais travaillé avec un réalisateur américain, je ne peux pas vous dire », répond-t-il, un brin agacé. Enfin, à la conclusion de l'émission, Thierry Dugeon regarde d'un oeil complice Patrick Mille en reprenant l'idée de la soirée : « Corneau a aussi adapté le film Deuxième souffle de Melville, le plus américain des réalisateurs français, preuve encore une fois de ses influences américaines, non ? ». « Si vous voulez », répond l'acteur, blasé par ce serpent de mer de l'Amérique. Le sang n'irrigue plus suffisamment les bras d'un mort pour qu'il retire les étiquettes facilement empilées sur son front. Ses influences, notamment Fritz Lang, allemand d'origine autrichienne, ne se résument pas au nouveau monde, suggère l'invité.

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Alain Corneau achève sa carrière sur un polar axé sur les ambitions ravageuses dans une filiale française d'une multinationale américaine, où les jalousies précèdent les chantages. Parenthèse : Patrick Mille vient d'envoyer un fax sur lequel ne figure que cette phrase « … faites chier avec l'Amérique ». Dans Melrose place, la patronne de Crime d'amour répondrait au nom d'Amanda, et sa collaboratrice à celui d'Alison. Mais voilà, Alain Corneau, dispose non-seulement des numéros de Kristin Scott Thomas, de Ludivine Sagnier (qui apparait pour la première fois avec un drap sur les seins), et de Patrick Mille... mais, en plus, il n'est pas du genre à verser dans la série américaine. Il a même tendance à capter la réaction furtive d'un visage à la fin d'une scène, qui ne colle pas forcément à la ligne du personnage. Le flic sérieux laisse ainsi transparaitre son dépassement. Tout comme l'avocat du barreau. Des détails qui peaufinent la crédibilité des protagonistes. L'intrigue de Crime d'amour repose sur une idée novatrice de crime parfait, que votre humble narrateur ne dévoilera pas. Mais il ne se gênera pas pour dénoncer le critique du Monde qui n'a visiblement pas vu le film en entier : « Tant qu'on se demande qui va tuer qui et pourquoi, Crime d'amour procure toutes les sensations coupables qu'un bon client est en droit d'espérer. (...) Une fois la victime expédiée dans l'autre monde, il faut supporter un très long dénouement, qui développe tous les détails d'une conspiration dont on n'a plus grand-chose à faire ». Difficile, pourtant, de se passer du dénouement à suspens, qui explique toute la mécanique de ce crime de génie. Et qui représente tout bonnement la deuxième partie du long-métrage.  

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