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27 juin 2010 7 27 /06 /juin /2010 01:43

Comme toutes les légendes réelles, les Doors et leur Jim Morrisson, ont connu la grandeur, la décadence, et le retour glorieux, retracés dans le documentaire When you're strange, de Tom DiCillo. Le succès avec leur premier album eponyme (1966), confirmé par le suivant (Strange Days, 1967), puis la dégringolade avec les voyages narcotiques du chanteur. Ils aboutissent à des disques baclés ou composés de faces B, portés par quelques pépites. Enfin, le retour au firmament avec le dernier album L.A. Woman (1971). Cette renaissance artistique, le temps d'une oeuvre, montre les capacités intrinsèques de l'icône Morrisson. Affaibli physiquement et mentalement, il parvient à replacer la musique en priorité numéro un. Elle est la préoccupation principale du pianiste Ray Manzarek, qui demande dès le début au public de « laisser une chance à la musique », plutôt que d'attendre un message politique. Ce dernier continue à jouer de son orgue, pendant qu'un vigile balance Morrisson dans une foule vengeresse à Miami, et que le concert va à volo. Le public réclame la peau du chanteur, qui les a traité de veaux pendant une heure, et voulu éxhiber son sexe cyclopéen en guise de cerise. Mais alors que les autres membres ont laissé tomber leur instrument pour secourir l'ange déchu, Manzarek continue à appuyer avec minutie sur ses touches de piano, aussi assidu que les violonistes du Titanic, le dos voûté dans son costume, et la figure possédée. Avant que le concert ne soit définitivement suspendu.

Morisson.jpg

« Si les portes de la perception étaient nettoyées, chaque chose apparaîtrait à l'homme telle qu'elle est, infinie », écrit le poète William Blake en 1793. Une phrase qui marque Jim Morrisson, nous dit le documentaire, et l'amènera à choisir le nom des « Doors ». Un échantillon de la mine d'anecdotes de ce film didactique et esthétique, qui s'adresse d'abord à ceux qui ne connaissent pas l'histoire du groupe, sa spécificité mélodique, et les paroles des chansons. When you're strange confirme après This is it (2009, Kenny Ortega), les dispositions sonores des salles de cinéma, lieu idéal pour écouter de la musique, fut-elle déjà entendue mille fois. Finis les larsens et les éclaboussures de bières des concerts. A noter qu'en s'attaquant aux Doors, le narrateur Johnny Depp se positionne comme un porte-voix des grands artistes américains de la vague hippy des années 60, après ses oeuvres sur l'écrivain Hunter S. Thompson : son rôle dans Las Vegas parano (1998, Terry Gilliam), sa voix dans le documentaire biographique Gonzo (2007, Alex Gibney), et bientôt le film Rum Diary (2010, Bruce Robinson). On retrouve aussi cette passion pour les intellectuels bohèmes dans le mystique Dead Man (1995, Jim Jarmusch), où son personnage reprend justement le nom de William Blake.


Documentaire américain sorti le 9 juin 2010

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commentaires

L
<br /> Tu oublies dans le genre salle de cinéma/concert Shine a light sur les Rolling Stones (Scorsese). J'ai trouvé sympa de passer un moment avec les Doors mais je trouve que DiCillo aurait pu se fouler<br /> un peu plus...<br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Mes excuses aux fans des pierres qui roulent.<br /> <br /> <br /> <br />
Y
<br /> Très bon article, je trouve même si je ne suis pas d'accord avec l'intro expéditive du début (la discographie des DOORS est quand même assez consistante et cohérente). Pour le reste, bravo.<br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> le débat sur la discographie des Doors est ouvert !<br /> <br /> <br /> <br />