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4 octobre 2010 1 04 /10 /octobre /2010 01:29

Faible cote de la guerre d'Algérie dans les manuels scolaires. Pas aussi sexy que la Révolution française, les guerres soit disant « mondiales », ou leur cousine soit disant « froide ». Le réalisateur Rachid Bouchareb nous propose une séance de rattrapage, en vidéo et en Dolby, sur le fonctionnement en France, du Front de libération nationale (FLN). Ce mouvement indépendantiste algérien prônait la lutte armée pour conquérir l'indépendance. Avec ce sujet brûlant, le réalisateur se montre tout aussi courageux qu'il est cerné. Une petite voix pousse la chansonnette dans son esprit : « Ne pas faire de vagues, ne pas transformer l'Histoire au profit d'une fiction ». Vainement. Dès mai 2010, avant même l'avant-première, des manifestations à Cannes fustigent un film « anti-français » (voir ici le débat historique). Pourtant, sous l'enrobage d'un film de genre, noir et violent, le metteur en scène endosse le costume de professeur minutieux.

Bouajila.jpg

Les reconstitutions d'évènements historiques s'enchaînent, telle une chronologie d'un livre du secondaire : 1925, exclusion de propriété en Algérie; 1945, Libération à Paris; 1953, Dien Bien Phu; 1954, Massacre de Sétif,... déjà 4 dates en 20 minutes... De la même manière, les personnages s'accumulent, notamment les trois frères Roschdy Zem, Djamel Debbouze et Sami Bouajila qui surjoue un Malcom X avec un balai dans le cul. Du cours d'Histoire, se dégage du Cinéma : scènes de flingages made in Chicago, décors flamboyants à gros budget (l'architecture de Sétif, les bidonvilles de Nanterre,...), violoncelles et tambours du film d'action sombre. Une séquence reproduit dans le geste, et quasiment mot pour mot, l'assassinat par Robert De Niro, du patriarche sicilien « qui a toué mon père » dans le Parrain 2 (Francis Ford Coppola, 1974). Les dialogues servent le scénario, en présentant individuellement les personnages et leur chemin, davantage que le scénario sert les dialogues, en construisant des échanges. Mais de ce Cinéma, se dégage une analyse de la lutte algérienne armée, au delà de la question de la légitimité : ses jeux de billards à trois bandes, ses traits communs avec la Résistance française, ses financements, ses méthodes, ses réseaux. Fin de la séance, examen la semaine prochaine. Même toi, le béret vert !

Film français sorti le 22 septembre 2010

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commentaires

Y
<br /> "Les dialogues servent le scénario davantage que le scénario sert les dialogues."<br /> <br /> Peux-tu préciser ?<br /> <br /> Pour le reste, personnellement, j'ai été très touché par les relations entre les trois frères, un peu moins par la dimensions politique.<br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Les dialogues servent à présenter individuellement des personnages, et leur évolution. Ils ne servent pas une discussion, des échanges.<br /> <br /> <br /> Merci pour ton message.<br /> <br /> <br /> <br />