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28 novembre 2010 7 28 /11 /novembre /2010 03:46

Le collectif "Fini les Concessions" organisait une manifestation contre le dîner du Siècle, mercredi 24 novembre, pour la seconde fois consécutive. Objectif : dénoncer la  collusion entre journalistes, financiers, et politiques, à l'instar du documentaire Fin de concession, de Pierre Carles, présent au rassemblement. David Pujadas, Arlette Chabot, Emmanuel Chain, PPDA, Laurent Joffrin, se rendent régulièrement, à la réunion du club du Siècle, à l'hôtel Crillon de Paris. Une réunion discrète qui rassemble journalistes, représentants du Medef, et ministres. Après avoir été hués le 27 octobre, ils ont évité d'affronter la plèbe moqueuse une seconde fois. Seuls Sylvie Pierre-Brossolette et Jean-Pierre Elkabbach ont eu l'abnégation de retrouver leurs convives, bien qu'ils aient été prévenus qu'une foule vengeresse les attendait au tournant. La manifestation a rapidement tourné à la dénonciation des élites affamées de « caviar », plutôt qu'au manque d'indépendance des journalistes. L'arrestation arbitraire d'une cinquantaine de manifestants a clos ce « cirque », dixit un CRS (photo ci-dessous, du journal Politis).

Punk_Diner-du-siecle.jpg

Le dernier documentaire de Pierre Carles, Fin de concession évoque ce dîner du Siècle. Dans celui-ci, le député socialiste Arnaud Montebourg déclare qu'il faut « mettre la tête sous l'eau à TF1 ». « C'est le moment de taper dessus. Je vais vous donner un coup de main. Car c'est la chaîne de la droite », ajoutait-il. Jean-Luc Mélenchon, le président du Parti de Gauche, avait lui aussi provoqué un buzz, en traitant David Pujadas de « salaud », de « larbin », et de « laquais », alors qu'il commentait une des interviews du présentateur du 20h de France 2. Celui-ci demandait à Xavier Mathieu, responsable CGT de Continental, d'exprimer des « regrets » après la mise en pièce d'un bureau par des salariés licenciés.

Pierre-Carles.jpg

La critique de Fin de concession : A travers des interviews provocantes, Pierre Carles passe un message : quand TF1 a été privatisé en 1987 par le gouvernement de Jacques Chirac, le ministre de la communication François Léotard n'avait accordé à Francis Bouygues qu'une concession pour dix ans du réseau hertzien, financé par les contribuables. Période à l'issue de laquelle, serait effectué un bilan sur les engagements de la chaîne : émissions enseignant les mathématiques aux enfants, concerts de musique classique, investissement massif dans la production française, diminution du nombre de séries américaines, vocation culturelle,... Malgré le non respect de ces promesses, le ministre de l'Economie Dominique Strauss-Khan a décidé du renouvellement automatique de la concession en 1997. Avec un montage impitoyable, Pierre Carles accuse les pontes de l'audiovisuel, de ne pas avoir dénoncer ce passe-droit, et les journalistes renommés de ne pas réaliser d'enquêtes sur ce sujet : Charles Villeneuve, Franz-Olivier Giesbert, Elise Lucet, Michèle Cotta, Audrey Pulvar, Jean-Marie Cavada, Etienne Mougeote. Pierre Carles les bouscule et met en scène leurs refus successifs de répondre à ses questions. L'envie ne leur en manque pas toujours, preuve de leur autocensure. L'auteur se confronte à des murs, qui sont autant de limites à notre démocratie. Les implacables images montrant Bernard Tapie délivrer un cours de « média training » aux employés de Francis Bouygues en 1987, avant leur audition devant la Commission nationale de la communication et des libertés (CNCL), montrent en quelques secondes comment manipuler avec un simple discours. Pierre Carles joue l'auto-dérision sur son côté looser : retard à une interview, faiblesse devant les journalistes féminines, agression verbale d'Etienne Mougeote très affaibli par un cancer de la gorge. Et admet lui-même un gros coup de mou au milieu de l'enquête. Mais de nombreuses pépites fourmillent dans ce documentaire underground, éloge de la rébellion.

Documentaire français sorti le 27 octobre 2010

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