Drive contre Cobra

Sylvester Stallone dans Cobra (1986) et Ryan Gosling dans Drive (2011) ont les mêmes apparats. Le cure-dent dans la bouche, le gant en cuir, et la mine des mauvais jours, leur permettent d'affronter chaque matin une bonne journée de violence. Le flic Cobra protégeait une belle blonde innocente fuyant un tueur psychopathe armé d'un couteau de chasse. Tandis que le malfrat nommé "Driver" protège une belle blonde innocente menacée de mort par des mafieux non moins névrosés. Tous les deux ont une voiture haut de gamme, de même niveau que leur testostérone. Tous les deux sont les héros d'un polar au genre bien appuyé. Tous les deux se tapent la blonde. Et tous les deux savent taper fort lorsqu'il le faut. La comparaison peut s'arrêter là.

 

Cobra était un film sans scénario à l'époque où Stallone ne cherchait même pas à remonter la pente. Au contraire, Drive multiplie les fausses pistes et les rebondissements pour sonder l'âme d'une gueule d'ange au passé sombre. Derrière ce visage, Ryan Gosling, acteur en pleine ascension, enchaîne les très bons films (Half Nelson, Blue Valentine). De la rencontre entre ce mercenaire et la lumineuse Irène (Carey Mulligan) ne nait que des imprévus. Du côté de la mise en scène, globalement talentueuse, elle a valu au danois Nicolas Winding Refn une palme au dernier festival de Cannes. Sa force : le contraste entre brutalité archaïque et spleen moderne, aidé d'une bande-son à grosse basse envoutante. Une musique semblable était utilisée dans son précédent film Bronson (2009, une autre histoire géniale de bagareur au coeur tendre). Les basses oeuvres se déroulent au pied de beaux grattes-ciel survolés de nuit, procédé cher à un autre réalisateur de polar, Michael Mann. Le héros est filmé à plusieurs reprises de dos, ses émotions cachées. On patiente, attendant que la camera s'approche, car on veut toujours en savoir plus sur ce mystérieux "Driver".

Film américain sorti le 5 octobre en France