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13 septembre 2012 4 13 /09 /septembre /2012 18:54

« La cause et l'usage » est un documentaire de Dorine Brun et Julien Meunier, sorti le 12 septembre 2012, qui raconte l'élection municipale de Corbeil-Essonnes de septembre 2009, second round de l'élection de 2008, annulée pour irrégularités.

Serge-Dassault.JPG

Corbeil-Essonnes ressemble un peu au Zaïre. Dans le documentaire Mobutu, roi du Zaïre (1999) de Thierry Michel, on y voyait l'ancien dictateur du plus grand état africain, distribuer des liasses de billets aux villageois, à travers la vitre de son 4*4, après avoir promis des élections libres en 1990. A Corbeil-Essonnes, Mobutu est Serge Dassault. Un milliardaire de 87 ans, maire de la ville depuis 1995, qui n'a pas eu le droit de se représenter à cette nouvelle élection, car il avait acheté les voix des habitants avec des billets de banque en 2008. Il présente à sa place un pantin nommé Jean-Pierre Bechter, un industriel inconnu en politique, qui ne pense pas une seconde être élu, mais qui le sera. En face, les principaux opposants, pris au piège du système clientéliste de Dassault, s'arrachent les cheveux dans leur combat perdu d'avance contre le bienfaiteur de la ville, qui fait pousser des hôpitaux, des logements et des vendeurs de kebabs, avec un bras long comme celui de Dhalsim. Ailleurs, un petit candidat sans étiquette et sans projet, court après la gloire, armé de ses tracts et de son irrépressible ambition.

On ne voit pas de grands discours mobilisateurs devant des foules sentimentales : la politique spectacle vire à la foire aux corniauds, avec des lâchés de ballon inutiles, des affiches de Staline le couteau entre les dents, et l'odeur diffuse de la corruption dans un territoire appauvri. Autour, les habitants observent cette farce, tout en acceptant les privilèges cédés par Serge Dassault (promesses d'emplois et de permis de conduire gratuits). Laconique, ton désabusé, et mains dans les poches, il apparaît que ce qui est un spectacle pour le spectateur, n'est pour lui, qu'une vie politique ordinaire.

Au final, La cause et l'usage manque de moyens financiers, campe un peu trop sur les marchés, et oublie de dire que cette élection de 2009 a également été annulée pour irrégularités. Mais le documentaire a su capter les névroses d'une ville sous cloche, qui vit selon ses propres règles administratives, sous le règne d'un Mobutu, sans paperasse ni internet.

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